Le rapport annuel 2020 de la Plateforme du Conseil de l'Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes montre qu'en 2019, plusieurs rapports ont été reçus concernant des "des actions en justice infondées, (...) engagées par des personnes ou entreprises influentes afin d’intimider les journalistes au point de les faire renoncer à poursuivre leur travail", ou SLAPP.
Alarmée par la multiplication de ce type de signalements, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe tire la sonnette d'alarme. Elle publie un commentaire et propose des pistes de solutions (Dunja Mijatovic, "Il est temps d'agir contre les « SLAPP »", 27 octobre 2020).
Dans un arrêt de mars 2022, la Cour européenne des droits de l'homme réfère à l'appel du Commissaire aux droits de l'homme et parle d'une “growing awareness of the risks that court proceedings instituted with a view to limiting public participation bring for democracy” (EHRM, 15 maart 2022 arrest OOO Memo v. Russia, nos. 23 en 43). Compte tenu de ce danger et du déséquilibre de force entre le demandeur dans le cas qui lui était soumis (l'administration de la région de Volgograd en Russie) et le défendeur (un média en ligne), la Cour examine si l'administration avait poursuivi un but légitime au sens de l'article 10, paragraphe 2, de la Convention européenne des droits de l'homme en engageant une procédure civile en diffamation contre le média. La Cour a conclu qu'il ne s'agissait pas de protéger la réputation d'autrui et qu'il y avait donc eu violation de l'article 10, paragraphe 2, de la Convention européenne des droits de l'homme.
Le 12 décembre 2022, la création d’un GROUPE DE TRAVAIL ANTI-SLAPP BELGIQUE est annoncée en marge du International Press Freedom Seminar organisé à l'Université de Gand et consacré aux SLAPP.
Entre-temps, une large coalition d'ONG, d'organisations de médias, d'associations de journalistes et d'universitaires a exhorté l'Union européenne et le Conseil de l'Europe à prendre des mesures.
La Commission européenne a adopté une recommandation et a également rédigé une proposition de directive, qui a été adoptée. La directive a été publiée au Journal officiel de l'Union européenne le 16 avril 2024. Les États membres doivent la transposer au plus tard le 7 mai 2026.
Des initiatives ont également été prises dans le cadre du Conseil de l'Europe. On peut aussi citer le rapport de l'APCE relatif aux SLAPP du 23 novembre 2023 appelant à "mettre fin à une forme particulièrement insidieuse de menace contre la liberté d’expression". Et le 25 janvier 2024, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté une résolution (Résolution 2531 (2024)) et une recommandation (Recommandation 2267 (2024)) sur les SLAPP. Dans cette recommandation, l'Assemblée parlementaire demande instamment au Comité des Ministres "d’adopter une recommandation audacieuse sur la lutte contre l’utilisation de poursuites-bâillons conformément aux propositions du CDMSI" et "d’encourager et de surveiller la mise en œuvre rapide et effective par les États membres des lignes directrices énoncées dans la recommandation, y compris le large éventail de mécanismes de sauvegarde et de recours qu'elle comprend". Le 5 avril 2024, le Comité des Ministres a adopté la Recommandation pour lutter contre les SLAPP (Recommandation CM/Rec(2024)2 du Comité des Ministres aux États membres sur la lutte contre l’utilisation des poursuites stratégiques contre la participation publique ; voir aussi CASE : "une étape importante dans la lutte contre les SLAPP"). Dans cette Recommandation, le Comité des Ministres invite les états membres à élaborer des stratégies et à prendre des mesures efficaces pour lutter contre les poursuites-bâillons (MSI-SLP Comite d'experts sur les poursuites strategiques contre la mobilisation publique).